Les sénateurs ciblent la nouvelle tactique de recrutement des géants de la tech
ParisVoici ce qui se passe :
- Les géants de la tech, comme Microsoft et Amazon, recrutent des talents de pointe au sein de petites startups d'IA sans acheter toute l'entreprise.
- Cela évite les complications liées aux enquêtes antitrust et empêche ces petites entreprises de devenir des concurrents directs.
- Cette stratégie permet aux grandes entreprises technologiques de gagner un avantage sans effectuer d'acquisitions complètes.
Le professeur du MIT, Michael A. Cusumano, explique que la tendance actuelle est de sous-traiter certaines parties d'entreprises ou de concéder sous licence leur technologie. Autrefois, les entreprises préféraient racheter entièrement d'autres sociétés pour éviter le risque de sensations désagréables. Cette nouvelle méthode permet à l'entreprise initiale de continuer partiellement ses activités, bien que de manière affaiblie.
Microsoft a récemment recruté des cadres influents de la société d'IA Inflection, y compris son co-fondateur et PDG Mustafa Suleyman. Cette initiative a attiré l'attention des régulateurs en Europe. De même, l'accord d'Amazon avec la société de logiciels d'agents IA Adept suscite des inquiétudes. Les sénateurs américains Ron Wyden, Elizabeth Warren et Peter Welch ont demandé aux régulateurs d'examiner cet accord.
Le sénateur Wyden a souligné que les géants de la tech modifient leurs stratégies afin d'éviter d'être entièrement rachetés, ce qui attirerait l'attention des régulateurs. Il a déclaré que cela se poursuivra jusqu'à ce que la FTC examine ces transactions plus en profondeur. Le DOJ et la FTC ont accusé réception de la lettre des sénateurs mais n'ont pas fait de commentaire supplémentaire.
John F. Coyle, professeur de droit à l'Université de Caroline du Nord, estime qu'Amazon a embauché des employés de Adept sans acheter l'entreprise pour éviter des problèmes antitrust. Il qualifie cela de simple recrutement de personnes plutôt que d'acquisition d'une entreprise. Cette méthode rappelle des pratiques commerciales anciennes où une société débauchait les employés d'une autre.
L'administration Biden et des législateurs des deux partis souhaitent des régulations plus strictes pour l'industrie technologique. Cela a poussé les grandes entreprises tech à être plus prudentes dans leurs acquisitions majeures. Les autorités antitrust américaines enquêtent sur le rôle de sociétés comme Microsoft, Nvidia et OpenAI dans le développement de l'intelligence artificielle. Le Département de la Justice s'intéresse à Nvidia, tandis que la Commission fédérale du commerce examine Microsoft et OpenAI.
Pour les petites startups en IA, la concurrence est difficile. La création de systèmes d'IA nécessite des ressources telles que des puces coûteuses, des centres de données énergivores, de vastes ensembles de données et des scientifiques informatiques de haut niveau. Des entreprises comme Adept peinent à trouver un équilibre entre le développement fondamental de l'IA et la conception de produits pour les utilisateurs. Le partenariat d'Adept avec Amazon leur a permis d'éviter les défis liés à la levée de fonds.
Selon Michael A. Cusumano, les startups peuvent choisir de vendre certaines parties de leur activité ou de se laisser racheter entièrement si elles ne parviennent pas à rivaliser efficacement. Cela leur permet de continuer à fonctionner.
Wyden a une longue expérience en matière de politique technologique et a contribué à la création de la loi de 1996 sur la liberté d'expression sur internet. Il soutient l'innovation avec des régulations judicieuses. Cependant, il pense que des entreprises comme Microsoft, Amazon et Google nécessitent une surveillance rigoureuse dans le domaine de l'IA. Ces entreprises disposent de ressources considérables et d'un contrôle significatif sur l'IA. Leurs stratégies, incluant des partenariats, des accords de participation et des crédits de cloud computing, pourraient renforcer leur domination.
Les régulateurs doivent veiller à ce que ces accords favorisent à la fois l'innovation et une concurrence équitable, afin que les petites entreprises puissent également jouer un rôle dans l'avenir de l'IA.
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