Nouvelles régulations : façonnons l'avenir des robots biohybrides par l'éthique et le dialogue public
ParisDes chercheurs demandent de nouvelles règles pour rendre éthiques les robots bio-hybrides. Ces robots combinent des tissus vivants et des composants synthétiques. Une équipe de l'Université de Southampton, en collaboration avec des chercheurs des États-Unis et d’Espagne, a publié un article dans les Proceedings of the National Academy of Sciences. Ils soulignent des préoccupations éthiques particulières et insistent sur la nécessité d'un débat public et d'une supervision rigoureuse.
Les robots bio-hybrides progressent rapidement. Ils utilisent de vrais muscles pour accomplir diverses tâches. Quelques exemples incluent :
- Rampant
- Nageant
- S'agrippant
- Pompant
- Percevant leur environnement
Les robots sont pilotés par des cellules vivantes et des neurones. Des cellules sensorielles ou des antennes d'insectes améliorent leur capacité à détecter les substances chimiques. Bien que ce domaine soit en pleine expansion, les discussions sur l'éthique ne suivent pas le même rythme.
Le Dr Rafael Mestre de l'Université de Southampton explique que ces robots combinent des éléments biologiques et synthétiques de manière innovante. Cela présente à la fois des avantages et des risques. Contrairement aux robots traditionnels, les robots bio-hybrides nécessitent une régulation stricte. Ils rencontrent des défis similaires à ceux de la recherche sur les cellules souches et des dispositifs biomédicaux.
Les auteurs ont identifié trois grandes problématiques éthiques.
- Interaction : Comment les bio-robots interagissent avec les humains et l'environnement
- Intégration : Comment les humains pourraient utiliser les bio-robots, tels que des membres ou des organes bio-robotiques
- Éthique : La possibilité que les robots bio-hybrides puissent avoir une valeur morale ou une forme de sensibilité
Dans leurs exemples, ils abordent des scénarios où les bio-robots pourraient perturber la chaîne alimentaire ou où les membres bio-hybrides pourraient accentuer les inégalités sociales. Des assistants bio-hybrides avancés pourraient également soulever des questions sur leur conscience et leur comportement moral.
Aníbal M. Astobiza de l'Université du Pays basque souligne que les robots bio-hybrides posent des défis uniques par rapport aux technologies entièrement artificielles. Ils influencent différemment l'environnement et peuvent évoluer biologiquement, ce qui complique l'évaluation de leur éthique.
Le Dr. Rafael Mestre dirige le projet Biohybrid Futures, dont l'objectif est d'établir de nouvelles règles pour la gestion des systèmes biohybrides. Le projet identifie plusieurs besoins majeurs.
- Évaluations des risques
- Prise en compte des implications sociales
- Sensibilisation et compréhension du public
Le Dr Matt Ryan, politologue à l'Université de Southampton, souligne l'importance d'impliquer le public dans les débats. Les précédentes discussions sur des technologies comme les cellules souches et l'IA montrent divers avis sur les enjeux moraux. Contrairement à ces technologies, les robots bio-hybrides ont reçu moins d'attention de la part des médias et du public. Inclure le public garantit un développement de cette technologie de manière démocratique.
Dr. Victoria Webster-Wood de l'Université Carnegie Mellon souligne l'importance de la collaboration au sein de la communauté scientifique. Pour elle, le travail d'équipe peut permettre des avancées notables en robotique bio-hybride. Une approche proactive permettrait de mieux répartir les tâches et ainsi réduire le stress des chercheurs individuels.
La robotique bio-hybride est à un tournant crucial. Aborder dès maintenant les enjeux éthiques et de gouvernance peut orienter cette technologie dans une voie responsable.
L'étude est publiée ici:
http://dx.doi.org/10.1073/pnas.2310458121et sa citation officielle - y compris les auteurs et la revue - est
Rafael Mestre, Aníbal M. Astobiza, Victoria A. Webster-Wood, Matt Ryan, M. Taher A. Saif. Ethics and responsibility in biohybrid robotics research. Proceedings of the National Academy of Sciences, 2024; 121 (31) DOI: 10.1073/pnas.2310458121Partager cet article