Taxe sur les antibiotiques : une arme contre la résistance antimicrobienne en hausse

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Par Josephine Martin
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Pilules avec étiquette fiscale et bactérie en arrière-plan

ParisTaxer les antibiotiques pourrait aider à lutter contre la montée de la résistance aux antibiotiques chez les humains, selon une nouvelle étude. Des chercheurs de l'Université d'East Anglia, de l'Université de Loughborough et de l'institut E.CA Economics ont mené cette étude. La résistance aux antibiotiques, également connue sous le nom de résistance aux antimicrobiens (RAM), est un problème mondial causant environ 700 000 décès chaque année. Un rapport important a averti que d'ici 2050, la RAM pourrait entraîner 10 millions de décès annuels et causer une perte économique de 100 000 milliards de dollars.

Les chercheurs proposent de taxer certains antibiotiques à large spectre en raison de leur lien fort avec la résistance aux antibiotiques. Les antibiotiques à large spectre sont souvent utilisés lorsque les médecins ne savent pas exactement quelles bactéries provoquent une infection. Cependant, ces médicaments augmentent le risque de résistance. En revanche, les antibiotiques à spectre étroit ciblent des bactéries spécifiques et contribuent à réduire la résistance. Ils nécessitent toutefois l'identification précise des bactéries, ce qui implique du temps et des coûts de tests supplémentaires.

Points clés :

  • La résistance aux antimicrobiens entraîne 700 000 décès par an dans le monde.
  • Les antibiotiques à large spectre sont un facteur majeur de cette résistance.
  • Une taxe pourrait inciter les médecins généralistes à prescrire des antibiotiques à spectre étroit.
  • Les politiques fiscales pourraient inclure des exemptions pour les maladies graves.

Une étude a analysé les données mensuelles des ventes d'antibiotiques sur dix ans dans les pharmacies au Royaume-Uni. Des économistes ont envisagé l'idée de facturer les cabinets de médecins pour l'utilisation de certains antibiotiques à large spectre. Le Professeur Farasat Bokhari, un des coauteurs, a souligné que la résistance aux antibiotiques constitue un enjeu majeur pour la politique de santé au Royaume-Uni. Il a également précisé que cette taxe n'affecterait pas les patients, mais représenterait un coût pour les cabinets médicaux.

L'ajout de cette taxe pourrait inciter les médecins à opter davantage pour des antibiotiques à spectre étroit. Ce changement de choix pourrait contribuer à réguler l'utilisation des antibiotiques en modifiant leurs prix. L'étude a examiné deux options de taxation : une taxe en pourcentage (de 5 % ou 20 %) sur tous les antibiotiques ou seulement sur certains à large spectre, ainsi qu'une taxe fixe par unité de médicament.

Une taxe de 20 % sur tous les antibiotiques réduit leur utilisation globale de 12,7 %, mais diminue celle des antibiotiques à large spectre de 29,4 %. Cette mesure coûte aux consommateurs 19,9 millions de livres sterling chaque année. Une taxe plus ciblée uniquement sur les antibiotiques à large spectre réduit leur usage de 37,7 %, pour un coût moindre de 4,8 millions de livres sterling par an.

Dr. Weijie Yan, de l'institut E.CA Economics, a indiqué que la perte de bien-être est notable mais bien inférieure aux coûts sociaux attendus de la RAM. Cela suggère qu'adopter des médicaments à faible RAM pourrait avoir des avantages à long terme en réduisant les décès et les pertes économiques. Les chercheurs ajoutent également que la politique fiscale devrait permettre des exceptions pour les maladies graves.

L’objectif de la taxation des antibiotiques à large spectre est de diminuer leur utilisation dans les cabinets médicaux. Avec des exemptions adaptées et une planification minutieuse, cette taxe pourrait promouvoir une utilisation plus responsable des antibiotiques.

L'étude est publiée ici:

http://dx.doi.org/10.1016/j.ijindorg.2024.103082

et sa citation officielle - y compris les auteurs et la revue - est

Farasat A.S. Bokhari, Franco Mariuzzo, Weijie Yan. Antibacterial resistance and the cost of affecting demand: The case of UK antibiotics. International Journal of Industrial Organization, 2024; 103082 DOI: 10.1016/j.ijindorg.2024.103082
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