Les secrets des nourrissons ibériques dévoilés grâce à l’analyse de dents de lait
ParisUne nouvelle étude a révélé que de nombreux nouveau-nés enterrés dans les habitations ibériques sont décédés de causes naturelles plutôt que de pratiques rituelles. Grâce à des méthodes avancées, les chercheurs ont pu déterminer avec précision les moments de naissance et de décès de ces nourrissons, offrant une nouvelle compréhension de la société ibérique ancienne.
Une équipe de recherche de l'Universitat Autònoma de Barcelona a collaboré avec d'autres groupes pour étudier les dents de lait. Ils ont utilisé une méthode spéciale pour examiner une partie des dents appelée la ligne néonatale. Cela leur a permis de découvrir :
Moment précis de la naissance d'un nourrisson, âge au décès, et circonstances entourant les décès périnataux.
L'étude a révélé qu'environ la moitié des nourrissons sont morts à la naissance, principalement à cause de complications pendant l'accouchement ou d'une naissance prématurée. Cela contredit les idées précédentes selon lesquelles ces enterrements pourraient être liés à l'infanticide ou à des pratiques sacrificielles dans certaines cultures anciennes.
Microscopie optique et lumière synchrotron permettent d'observer les lignes de croissance des dents formées avant la naissance. Ces lignes révèlent des événements stressants, tels que la naissance, aidant les chercheurs à déterminer si un nourrisson a respiré après sa naissance. Cette méthode a permis d'expliquer les raisons des décès de ces nourrissons et a mis en évidence le taux élevé de mortalité infantile durant la période ibérique.
Ces découvertes apportent plus qu’une simple compréhension de chaque décès individuel. Elles révèlent également des informations sur les pratiques funéraires de la société ibérique. Avant cette étude, les scientifiques avaient constaté qu’ils trouvaient rarement les restes d’enfants âgés de plus de deux mois. Cela les a amenés à penser qu'il existait peut-être certaines pratiques funéraires spécifiques. La recherche suggère maintenant que les nourrissons ayant survécu à la période néonatale précoce étaient probablement inhumés de manière différente.
Les recherches indiquent que dans les sociétés ibériques, il arrivait souvent que les nourrissons décédés très jeunes soient enterrés à l'intérieur des habitations. Cela pouvait représenter une manière particulière d'honorer ces courtes vies ou de témoigner le deuil des familles. Cette pratique nous offre une meilleure compréhension de leurs coutumes en matière de vie et de mort.
En utilisant des méthodes scientifiques rigoureuses pour étudier les anciennes populations, notre compréhension des civilisations passées peut être révolutionnée. Lorsque les scientifiques démontrent que les « marques sur les dents » sont liées à la survie, ils offrent une perspective plus précise sur la vie quotidienne et les habitudes culturelles des sociétés anciennes.
L'étude est publiée ici:
http://dx.doi.org/10.1016/j.jas.2024.106088et sa citation officielle - y compris les auteurs et la revue - est
Ani Martirosyan, Carolina Sandoval-Ávila, Javier Irurita, Judith Juanhuix, Nuria Molist, Immaculada Mestres, Montserrat Durán, Natàlia Alonso, Cristina Santos, Assumpció Malgosa, Judit Molera, Xavier Jordana. Reconstructing infant mortality in Iberian Iron Age populations from tooth histology. Journal of Archaeological Science, 2024; 171: 106088 DOI: 10.1016/j.jas.2024.106088Partager cet article