Nouvelle étude : comprendre l'évolution sociale à travers les dons et la distribution des richesses
ParisLes sociétés humaines ont évolué dans leur organisation, passant de petits groupes à des tribus, des chefferies et des royaumes. Une étude récente de Kenji Itao et Kunihiko Kaneko propose une nouvelle perspective pour comprendre ces transformations à travers la pratique du don. Publiée dans la revue PLOS Complex Systems, cette recherche démontre comment l'échange de cadeaux influence les hiérarchies sociales et les inégalités économiques.
Les chercheurs ont élaboré un modèle pour illustrer comment l'octroi de cadeaux peut modifier les dynamiques sociales. Les présents ne profitent pas seulement à ceux qui les reçoivent, mais améliorent également le statut de ceux qui les offrent. Leurs analyses ont révélé différentes étapes d'organisation sociétale, observables à travers la répartition des richesses et de la réputation.
- Bande : Les disparités économiques et sociales sont minimes. La répartition des richesses et de la réputation sociale suit une distribution exponentielle, indiquant des fluctuations aléatoires.
- Tribu : Des disparités économiques apparaissent tandis que les disparités sociales restent faibles. La richesse suit une loi de puissance, permettant à certains individus d'accumuler plus que d'autres.
- Chefferie : Les disparités économiques et sociales deviennent prononcées. Tant la richesse que la réputation sociale suivent des distributions selon une loi de puissance, reflétant une dynamique de "les riches s'enrichissent".
- Royaume : Une forte disparité économique existe, avec une exception notable dans la réputation sociale : le monarque. La richesse continue de suivre une loi de puissance, mais la réputation sociale adopte une distribution exponentielle, sauf pour le monarque.
Leur modèle démontre que la fréquence et la taille des dons influencent la phase de développement d’une société. Par exemple, des dons plus fréquents et plus généreux propulsent une société vers des stades avec des inégalités économiques et sociales accrues, comme les chefferies et les royaumes. Cela signifie que ce n'est pas seulement le fait de donner des cadeaux, mais aussi leur quantité et leur fréquence qui façonnent les structures sociétales.
Ces conclusions concordent avec nos connaissances en anthropologie et en histoire. Les sociétés de bandes sont souvent plus égalitaires en matière de richesse. Les distinctions entre les chefferies et les royaumes correspondent également aux théories antérieures sur l'inégalité sociale. Les schémas historiques montrent que les monarques possèdent généralement un statut spécial et sont perçus comme distincts du reste de la population.
La recherche utilise les mathématiques pour élucider les théories des sciences sociales, ce qui nous aide à comprendre le développement des structures sociales. C'est fascinant de voir comment un geste aussi simple que l'échange de cadeaux peut influencer l'organisation des sociétés. En incorporant des modèles quantitatifs aux théories des sciences sociales, nous pouvons analyser l'histoire humaine et l'évolution sociale de manière plus détaillée et avec des données concrètes.
L'étude est publiée ici:
http://dx.doi.org/10.1371/journal.pcsy.0000001et sa citation officielle - y compris les auteurs et la revue - est
Kenji Itao, Kunihiko Kaneko. Emergence of economic and social disparities through competitive gift-giving. PLOS Complex Systems, 2024; 1 (1): e0000001 DOI: 10.1371/journal.pcsy.0000001Partager cet article