Nouvelle thérapie révolutionnaire contre les maladies à prions mortelles grâce à l'outil CHARMs

Par Jean Rivière
- dans
Gros plan au microscope de protéines prions en laboratoire.

ParisSonia Vallabh et son mari, Eric Minikel, sont chercheurs à l'Institut Broad où ils étudient les maladies à prions, responsables de lésions cérébrales mortelles. Vallabh porte une mutation génétique provoquant l'insomnie familiale fatale, une maladie à prions spécifique. Ils travaillent activement pour trouver un traitement.

Jonathan Weissman et son équipe à l'Institut Whitehead ont développé de nouveaux outils baptisés CHARMs. Ces outils permettent de désactiver des gènes responsables de maladies, notamment le gène de la protéine prion. Voici quelques détails importants sur les CHARMs:

  • Modification épigénétique pour désactiver des gènes ciblés
  • Sans altérer l'ADN d'origine
  • Inactivation stable des gènes
  • Possiblement un traitement unique

L'équipe de Weissman a développé un outil nommé CRISPRoff pour désactiver les gènes. CHARMs représentent une amélioration de CRISPRoff, étant plus sûrs et plus efficaces chez l'humain. Au lieu d'utiliser Cas9, CHARMs se servent des protéines à doigt de zinc (ZFPs), plus petites et moins susceptibles de provoquer une réaction immunitaire.

L'outil utilise l'enzyme cellulaire, DNMT3A, pour cibler le gène de la protéine prion. Cette méthode réduit la toxicité et économise de l'espace dans le système de livraison. L'équipe a rendu les CHARMs adaptables pour faciliter les améliorations futures.

Des tests effectués sur des souris ont révélé que les CHARMs guidés par ZFP pouvaient réduire de plus de 80 % la protéine prion dans le cerveau. Des études antérieures montrent qu'une réduction de seulement 21 % peut déjà améliorer les symptômes. Ces résultats offrent de grands espoirs pour le traitement des maladies à prion.

L'un des défis est de parvenir à acheminer l'outil d'édition génétique jusqu'au cerveau. Les scientifiques de l'Institut Broad, dirigés par Benjamin Deverman, travaillent sur ce problème. Ils ont mis au point une méthode efficace pour le livrer au cerveau adulte. Cette avancée pourrait aider à traiter des maladies cérébrales telles que la maladie à prions.

Des chercheurs ont testé les CHARMs sur des cellules et des animaux, constatant qu'ils présentent une faible toxicité et peu d'effets secondaires. Actuellement, ils perfectionnent cette technologie afin de la rendre plus sûre et plus efficace pour les essais cliniques. Leur objectif est de produire des CHARMs en grande quantité pour traiter les patients.

La transition de la recherche fondamentale à l'usage clinique est longue. Les CHARMs doivent encore surmonter de nombreux obstacles avant de devenir un traitement médical pratique. L'équipe est optimiste et travaille d'arrache-pied. Leur objectif est de développer rapidement cette technologie pour sauver des vies de patients, y compris celle de Vallabh.

L'étude est publiée ici:

http://dx.doi.org/10.1126/science.ado7082

et sa citation officielle - y compris les auteurs et la revue - est

Edwin N. Neumann, Tessa M. Bertozzi, Elaine Wu, Fiona Serack, John W. Harvey, Pamela P. Brauer, Catherine P. Pirtle, Alissa Coffey, Michael Howard, Nikita Kamath, Kenney Lenz, Kenia Guzman, Michael H. Raymond, Ahmad S. Khalil, Benjamin E. Deverman, Eric Vallabh Minikel, Sonia M. Vallabh, Jonathan S. Weissman. Brainwide silencing of prion protein by AAV-mediated delivery of an engineered compact epigenetic editor. Science, 2024; 384 (6703) DOI: 10.1126/science.ado7082
Science: Dernières nouvelles
Lire la suite:

Partager cet article

Commentaires (0)

Poster un commentaire