Découverte d'un lien entre l'immunothérapie contre le cancer et l'inflammation cardiaque
ParisL'immunothérapie contre le cancer, qui consiste notamment à utiliser des médicaments aidant le système immunitaire à reconnaître et à combattre les cellules cancéreuses, révolutionne notre approche du traitement du cancer. Cependant, un problème majeur a été identifié : certains patients développent une myocardite, une inflammation dangereuse du cœur, en tant qu'effet secondaire.
Des chercheurs du Broad Institute de MIT et de Harvard, en collaboration avec l'Hôpital Général du Massachusetts, ont récemment découvert des informations cruciales sur les facteurs immunitaires à l'origine de cette complication. La myocardite est associée à des modifications de certaines cellules immunitaires et structurelles du cœur. Les conclusions principales de l'étude incluent :
Identification des cellules immunitaires spécifiques responsables de l'inflammation cardiaque. Comparaison des réactions immunitaires dans les tissus cardiaques et tumoraux. Découverte de marqueurs sanguins potentiels pour anticiper la gravité de la myocardite.
Myocardite : un défi de taille pour l'immunothérapie
La myocardite est un effet secondaire rare mais grave des traitements d'immunothérapie, touchant environ 1 à 2 % des patients. En raison de sa dangerosité, il est essentiel de trouver de meilleures méthodes pour la gérer. Des études récentes révèlent que la réponse immunitaire provoquant la myocardite est différente de celle qui attaque les tumeurs. Cette découverte pourrait mener à des traitements ciblés pour la myocardite sans compromettre l’efficacité anticancéreuse de l'immunothérapie.
L'étude indique que des tests sanguins simples pourraient être développés pour identifier les personnes présentant un risque élevé de myocardite, ce qui pourrait réduire le nombre de biopsies cardiaques. Ce type de test aiderait les médecins à élaborer de meilleurs plans de traitement et à sélectionner les patients nécessitant des suivis plus fréquents ou des ajustements de traitement.
L'équipe de recherche mène des essais cliniques pour découvrir de nouveaux traitements possibles. L'un de ces essais évalue l'abatacept, un médicament habituellement utilisé contre l'arthrite, afin de vérifier s'il peut réduire l'inflammation cardiaque due au système immunitaire chez les patients atteints de cancer.
Cette recherche explore comment les inhibiteurs de point de contrôle immunitaire provoquent une inflammation cardiaque et s'inscrit dans un effort global visant à comprendre et gérer les effets secondaires de l'immunothérapie sur divers organes. En identifiant les causes de ces effets indésirables, les chercheurs espèrent rendre les traitements contre le cancer plus efficaces tout en réduisant leurs effets nocifs. L'objectif est de sécuriser et optimiser l'utilisation de ces médicaments, offrant ainsi une méthode plus précise et améliorée pour traiter le cancer grâce à l'immunothérapie.
L'étude est publiée ici:
http://dx.doi.org/10.1038/s41586-024-08105-5et sa citation officielle - y compris les auteurs et la revue - est
Steven M. Blum, Daniel A. Zlotoff, Neal P. Smith, Isabela J. Kernin, Swetha Ramesh, Leyre Zubiri, Joshua Caplin, Nandini Samanta, Sidney Martin, Mike Wang, Alice Tirard, Yuhui Song, Katherine H. Xu, Jaimie Barth, Pritha Sen, Kamil Slowikowski, Jessica Tantivit, Kasidet Manakongtreecheep, Benjamin Y. Arnold, Mazen Nasrallah, Christopher J. Pinto, Daniel McLoughlin, Monica Jackson, PuiYee Chan, Aleigha Lawless, William A. Michaud, Tatyana Sharova, Linda T. Nieman, Justin F. Gainor, Catherine J. Wu, Dejan Juric, Mari Mino-Kenudson, Giacomo Oliveira, Ryan J. Sullivan, Genevieve M. Boland, James R. Stone, Molly F. Thomas, Tomas G. Neilan, Kerry L. Reynolds, Alexandra-Chloé Villani. Immune responses in checkpoint myocarditis across heart, blood and tumour. Nature, 2024; DOI: 10.1038/s41586-024-08105-5Partager cet article